Epiphanie du Seigneur - Chercheur de Dieu

Epiphanie du Seigneur : Chercheurs de Dieu

«Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand». Ce sont les seuls mots de Matthieu sur la naissance de Jésus. Matthieu semble s’intéresser très peu à l’événement en tant que tel, à la différence de Luc. Par contre, dans le récit de la visite des Mages qui présente une sorte d’introduction à tout son évangile, il met l’accent sur la «signification» de cette naissance.

...le contact avec Dieu ouvre des voies inconnues et change notre façon de penser, d’agir et de vivre.

L’arrière-fond historique du récit symbolique des rois-mages comporte deux aspects principaux : Il y a tout d’abord l’agressivité du vieux roi Hérode dont la pathologie paranoïaque est bien connue. Jésus, le nouveau libérateur d’Israël, est poursuivi par un roi ennemi tout comme Moïse l’avait été en Égypte par le pharaon.

Un autre aspect important est que Matthieu a écrit son évangile pour les chrétiens d’origine juive de Syrie. Ceux-ci se croyaient supérieurs au reste du monde parce qu’ils appartenaient au peuple choisi. Devant cet orgueil et cet exclusivisme hérités de l’Ancien Testament, l’évangéliste invite à reconnaître le «roi des juifs» dans un petit enfant, déposé dans une mangeoire. Ce ne sont pas les puissants laïcs ou religieux d’Israël qui le découvrent, mais des «étrangers» venant de loin et exerçant une profession méprisée, l’astrologie.

Plusieurs thèmes se prêtent à notre réflexion chrétienne en cette fête de l’Épiphanie où Matthieu nous propose trois contrastes importants.

Il compare d’abord le roi Hérode à Jésus, le roi des Juifs.

Dès cette première page, il y a une couronne royale en jeu : qui est réellement le «roi» des juifs? Hérode, le tyran puissant, meurtrier et violent? Ou bien Jésus, cet enfant, faible, désarmé, qui mourra victime innocente? Lorsque les sages d’Orient demandent : «Où est le roi des Juifs qui vient de naître? » ils parlent de Jésus, le petit enfant faible et dépendant, incapable de se défendre. Dans les dernières pages de son évangile, Matthieu donnera de nouveau ce titre de «Roi des Juifs» à Jésus. Les soldats romains se moqueront de lui en disant : «Salut, roi des Juifs». Ponce Pilate inscrira sur la croix la cause de sa condamnation : «Celui-ci est le roi des Juifs». Et les scribes et les grands prêtres se moqueront de lui en criant : «Si tu es le roi des Juifs, descend de la croix». Le récit des sages d’Orient est un prélude à ce qui arrivera plus tard.

Tout au long de son évangile, Matthieu nous présente Jésus comme un roi humble, qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Le royaume de Jésus n’est pas comme les royaumes de la terre et il est très différent de celui d’Hérode.

Matthieu compare ensuite Jérusalem à Bethléem.

Jérusalem est la plus grande ville du pays, le centre du culte d’Israël, le lieu privilégié du Temple. Dans cette ville, l’étoile ne brille pas. Jérusalem préfère «ses ténèbres à la lumière, ses vieux parchemins à la Parole incarnée de Dieu

Bethléem par contre est le village du berger David, «la maison du pain», l’humble bourgade d’une vingtaine de familles où vivent des gens simple et ouvert à Dieu. Le Seigneur a choisi de naître et de s’incarner dans ce lieu simple et retiré.
 
Enfin, Matthieu compare les chercheurs de Dieu à ceux qui ne cherchent plus.

Les gens de Jérusalem croient qu’ils possèdent la vérité et depuis longtemps ils ont cessé de chercher. Les Mages représentent tous les gens en quête de lumière et de vérité.

Dans ce récit symbolique, le chemin des sages d’Orient est parfois éclairé et parfois obscure. Ces chercheurs de Dieu ne se découragent pas pour autant et continuent leur exploration. Après avoir trouvé le Seigneur, ils lui rendent hommage. Ils retournent ensuite dans leur pays par une nouvelle route : le contact avec Dieu ouvre des voies inconnues et change notre façon de penser, d’agir et de vivre.

À travers ces comparaisons, Matthieu s’adresse à chacun et à chacune de nous. Il nous interroge sur notre attitude envers Dieu : Sommes-nous comme les sages d’Orient ou comme les habitants de Jérusalem?

Il arrive souvent dans nos vies un «signe» nous est donné, un signe qui nous provoque et nous interroge. Ce n’est pas nécessairement une étoile, mais peut-être une personne rencontrée; un livre qui nous tombe sous la main; un film qui nous traverse l’esprit et le coeur, un événement inattendu : une maladie grave, un enfant qui naît, une perte d’emploi, un nouveau travail ou une nouvelle responsabilité, etc.

En cette fête de l’Épiphanie, profitons de ces «signes» pour devenir, nous aussi, des chercheurs de Dieu.

Source: https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-B/R-B08-Epiph.htm

Réflexion sur l'évangile de l'Épiphanie, B

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.