Nous continuons aujourd’hui l’étude du 6e chapitre de S. Jean. La semaine dernière, nous avons assisté à la rencontre de Jésus avec la foule dans le désert et le miracle de la multiplication des pains. Ce miracle occupe la place centrale parmi les sept miracles retenus par S. Jean.
Le jour après la multiplication des pains. Jésus et ses disciples traversent le lac de Génésareth et le Seigneur commence son long discours sur le pain de vie.
«Le Pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde». Quelle belle expression! Le Christ est le Pain dont nous avons besoin pour vivre. «Il est venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance.» (Jean 10, 10)
Il y a deux espèces de vie, comme il y a deux espèces de pain. Vous travaillez pour votre nourriture corporelle, dit Jésus, à ces paysans. Or c’est une nourriture périssable, pour une vie périssable. Il existe une autre nourriture, un «pain venu du ciel, pour une vie éternelle.»
Quelle est cette nourriture, lui demandent-ils ? «Je suis le pain de vie, venu du ciel». «Ceux qui viennent à moi, n’auront plus jamais faim». Le Seigneur met ici l’accent sur la plénitude et sur le rassasiement.
Tout en mentionnant la manne du désert, Jésus fait allusion au statut de l’homme pécheur dans la Genèse (ch. 3). «Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front». Nourriture obtenue par un travail éreintant, nourriture qui ne parvient pas à conjurer la décrépitude et la mort, nourriture-sursis, qui monte de la terre, moyennant le travail harassant et la sueur du front.
Dans le texte de Jean, tous ces termes sont inversés. Jésus annonce un pain nouveau qui ne monte pas de la terre mais qui descend du ciel. Un pain qui n’est pas le fruit du travail car le seul effort requis pour le recevoir est de l’accepter dans la foi. Ce que Dieu espère de nous c’est que nous croyions que le Christ est notre pain de vie.
L’eucharistie n’est pas simplement un repas, une liturgie où tout doit se dérouler selon les normes et les rubriques, où chacun joue le rôle qui lui est assigné. Il ne s’agit pas de somptueux vêtements liturgiques, de riches décorations, de musique inspirante, d’homélies bien préparées… Il s’agit d’une rencontre communautaire qui fait grandir notre foi en Jésus, le pain venu du ciel. Lorsque je travaillais au Mexique, je me souviens d’avoir célébré l’eucharistie dans des baraques de fortune. Mais, la communauté chrétienne était présente et participait activement, avec joie et conviction. Le Christ était présent, comme il l’est dans nos grandes églises et dans nos cathédrales.
Dans l’un de ses livres, le P. Joseph Pellegrino pose la question : «Qu’est-ce qui fait qu’une personne est chrétienne?» Est-ce le baptême? Des centaines de gens sont baptisés et ensuite, n’ont plus aucun contact avec le christianisme. Est-ce le fait d’appartenir à une paroisse? De remplir des formulaires pour obtenir la confirmation des enfants, où pour se marier dans l’église? Qu’est-ce qui fait qu’une personne est chrétienne? La réponse est simple : Jésus Christ. Tout ce qui est important dans le christianisme tourne autour du Christ. Ceux et celles qui lui rendent hommage et le laisse entrer dans leur vie de tous les jours, sont des chrétiens. «L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé».
Source : https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-B/R-B45-Dim18.htm
Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.