Crèche extérieure de la Paroisse

Réflexion sur Noël 2024

Publié : Dec-24-2024

Une catéchèse de St. Luc sur la naissance de Jésus

 

La fête de Noël est une fête qui ne passe jamais inaperçue. C’est la  fête qui demande le plus de préparation : sapin, cadeaux, cartes de voeux, invitations, visites, repas, décorations, etc. Et tout se fait dans la joie et l’exubérance.

Noël est une fête universelle. Elle se célèbre à Hong Kong et Santiago, en Nouvelle Orléans, à Melbourne, Managua, Kinshasa, Bejing, Mumbay, Prague, Moscou, Berlin, etc. C’est une fête pour tous, chrétiens et non-chrétiens. Et c’est ainsi depuis des siècles.

Comme l’indique Bertrand Ouellet dans son article «Pourquoi fête-t-on Noël le 25 décembre?», notre Temps des Fêtes a une double origine et une double signification, l’une séculière et l’autre religieuse. Les Égyptiens et les Romains célébraient, le 25 décembre, quelques jours après le solstice d’hiver, le soleil invaincu, lorsque cet astre essentiel à la vie commençait «à reprendre des forces». Au 4e siècle, les chrétiens ont «baptisé» cette fête populaire afin de célébrer la venue de Dieu parmi nous, lui «le soleil levant, la lumière des nations».

Pour les gens qui ne partagent pas nos convictions chrétiennes, le temps des Fêtes est un temps de réjouissances où l’on célèbre l’amour, l’amitié, les enfants, la famille, mais sans référence religieuse. La dimension festive s’est transformée en dimension culturelle et commerciale. On profite de Noël pour se rapprocher, réunir les familles, poser des gestes de partage et de solidarité, pardonner, se réconcilier, interrompre les hostilités, faire la paix.

Pour nous, les chrétiens, c’est un peu tout cela, mais nous y ajoutons la signification religieuse. C’est la fête de la naissance de Jésus, lui qui est venu «dresser sa tente parmi nous». Il est notre Emmanuel, le Dieu-avec-nous.

St. Luc nous explique toute la richesse de cette fête et il le fait, en utilisant des contrastes très éclairants.

 

Tout d’abord, il compare l’empereur Auguste à l’enfant Jésus

César Auguste était le symbole de la grandeur, du faste, de l’efficacité administrative, de la richesse, du pouvoir absolu. Il a été, pendant 44 ans, le plus célèbre empereur de Rome. En l’an 27 av. Jésus-Christ, il s’était fait donner par le Sénat le titre d’Auguste, qui signifie «digne d’adoration». Luc, en utilisant ce titre prétentieux d’un «roi de la terre», veut montrer, par contraste, combien notre Dieu est différent de César : il va naître comme un enfant fragile, de pauvres émigrés. C’est lui le vrai «prince de la paix» et non pas l’empereur romain avec sa «pax romana», sa paix romaine imposée par les armes. Les Juifs connaissaient bien cette pax romana, eux qui se sont révoltés contre la dictature romaine en l’an 66. Quatre ans plus tard, le général Titus, avec ses légions bien entraînées a complètement rasé la ville de Jérusalem, détruit le Temple, fait crucifier des milliers de Juifs et envoyé en exil ceux et celles qui avaient survécus au massacre. C’était la fin du peuple d’Israël qui ne renaîtra, dans un bain de sang... qu’en 1948.

Luc nous rappelle que si tous avaient peur d’Auguste, nous n’avons pas à craindre Dieu. C’est un Dieu petit, proche, qui doit être protégé. Un Dieu qui a besoin de nous, un Dieu qui partage notre fragilité. Sa paix à lui est basée sur l’amour, sur le respect de tous. Il est le véritable prince de la paix : «Paix sur la terre aux hommes et aux femmes qui sont aimés de Dieu !»

Une autre comparaison qui nous fait comprendre le sens de la fête de Noël est celle de Bethléem et de Rome, de Bethléem et de Jérusalem.

Pour Dieu, Bethléem (plus petit qu’Abercorn ou Frelighsburg) est aussi important que Jérusalem, grande ville du Moyen Orient et lieu privilégié du culte juif. Bethléem est aussi important  que Rome, centre de la puissance de l’empire.

Pour Dieu, chaque ville, chaque village, chaque maison, chaque famille est importante. Il n’est pas nécessaire d’appartenir à la classe dirigeante, aux super-riches, de vivre dans les villes les plus prospères de l’empire pour compter aux yeux de Dieu.

Les premiers visiteurs de Jésus dans l’étable ne sont ni les grands prêtres, ni le roi, ni l’empereur, ni les nobles? Ce sont des bergers, des hors-la-loi, des gens simples, pauvres, qui gagnent leur vie difficilement et qui sont marginalisés par les gens biens.

 

Un troisième point de comparaison : Jésus naît non pas dans un palais mais dans une étable.

Il est un difficile pour nous qui vivons dans un pays riche et dans des maisons confortables de comprendre la logique de Dieu. Mais le Seigneur a voulu être aussi proche que possible de la majorité des gens de notre monde. Nous savons, selon les statistiques et selon toutes les études démographiques, que même aujourd’hui, la majorité des habitants de notre planète vivent dans la pauvreté et la misère. Dieu veut faire parti de cette misère humaine.

Les gens se trompaient sur Dieu. Ils l’attendaient riche et fort. Il  est entré dans le monde illégalement, «incognito». Il a franchi nos frontières en contrebande. Jamais il n’aurait été admis par les officiels juifs et romains s’il avait déclaré son identité!

L’histoire de Noël n’est pas du folklore. C’est une révélation de notre Dieu et une catéchèse sur sa proximité et son amour pour nous. Il se veut proche de tous, mais particulièrement proche des malades, des sans-logis, de ceux et celles qui vivent dans des baraques, des abris de fortune, qui subissent les atrocités de la guerre, de la violence, de la discrimination.

Cette fête de Noël revient chaque année nous redire qu’il n’est pas normal que les hommes soient des ennemis, que les guerres existent, que des êtres soient méprisés, que des enfants soient malheureux, que des gens meurent de faim, que des personnes âgées soient abandonnées à leur solitude.

L’aspect religieux de la fête de Noël donne un sens véritable à nos rencontres et à nos festivités.

Joyeux Noël et que l’Enfant-Dieu nous apporte la joie, la paix et l’amour.

Source : https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-C/R-C05-Noel.htm

Réflexion sur l'évangile de la Fête de Noël, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.