Le sermon sur la montagne (Matthieu ch. 5-6-7) s’ouvre avec les béatitudes. Il est intéressant de constater que ce programme de vie, proposé aux filles et aux fils du Royaume de Dieu, ne commence pas par une série d’obligations : «vous devez faire ceci, vous devez faire cela…» mais par la répétition joyeuse du «heureux êtes-vous!». Le Christ lance un vibrant appel au bonheur, un appel à la joie. La vocation des chrétiens, c’est de rechercher le bonheur.
«Heureux», revient cinquante-cinq fois dans le Nouveau Testament ? La religion de Jésus n’est pas une religion triste, tournée vers tout ce qui est négatif. Le Seigneur veut rendre les gens heureux.
Les Béatitudes ne sont pas un tranquillisant spirituel destiné à nous faire accepter les difficultés de la vie, dans l’attente d'un monde meilleur plus tard ! Elles sont un appel et une mission qui nous est confiée maintenant à nous qui avons reçu l’Évangile.
Tout de suite après les Béatitudes, Jésus explique ce que l’on doit faire chaque jour pour être heureux : «On vous a dit : Tu ne tueras point. Moi je vous dis de ne pas insulter, de ne pas même contrister vos frères et soeurs. On vous a dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Moi je vous dis de conserver votre oeil et votre coeur pur. On vous a dit : oeil pour oeil, dent pour dent. Moi je vous dis de ne pas vous laisser prendre dans l’engrenage et l’escalade de la violence ; soyez des artisans de paix. On vous a dit : aimez votre prochain et haïssez votre ennemi. Moi je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux et celles qui vous haïssent. On vous a dit : les offrandes à l’autel doivent avoir la priorité. Moi je vous dit : Quand tu présentes ton offrande à l’autel, si alors tu te souviens que ton frère ou ta sœur a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel. Va d’abord te réconcilier avec ton frère ou ta soeur; puis reviens, et alors présente ton offrande».
Jésus parle du bonheur en termes d’amour pour les autres. C’est cela qui caractérise aussi bien les Béatitudes que le Jugement dernier (Matthieu 25 : J’avais faim et vous m’avez donné à manger; j’avais soif… j’étais nu… j’étais malade…).
Jésus est la clé de compréhension des béatitudes. Il est celui qui n’arrache pas le roseau écrasé, il n’éteint pas la mèche qui vacille (Matthieu 12, 20). Il s’offre en exemple : «Apprenez de moi qui suis doux et humble de cœur» (Matthieu 11, 29).
L’évangile des Béatitudes nous présente Jésus entouré d’une foule de malades, d’infirmes, de gens qui souffrent. «A la vue des foules, il fut saisi de pitié, car ces gens étaient prostrés, écrasés, comme des brebis qui n’ont pas de berger». (Matthieu 9, 36) Jésus s’identifie à ceux et celles qui souffrent. Il ira jusqu’à dire: «Ce que vous avez fait à l’un de ces petits... c’est à moi que vous l’avez fait». (Matthieu, 25,40)
Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus est le nouveau Moïse venu refaire l’unité du Peuple de Dieu. Il promulgue la loi du Royaume et invite ses auditeurs à changer leur vie, à se convertir, à voir les choses d’une manière différente.
Dès maintenant il est possible d’adopter une nouvelle façon de vivre, et ceci est le fondement de la joie des Béatitudes. Il s’agit de choisir les valeurs qui peuvent nous changer et apporter un peu de chaleur humaine autour de nous. Les béatitudes veulent transformer notre coeur de pierre en coeur de chair.
Dans une société de gens violents, intolérants, revendicateurs, le Seigneur nous propose aujourd’hui un choix bien différent. Il ne s’agit pas d’être le premier, le meilleur, le plus riche, le plus fort, mais d’être des femmes et des hommes de paix, de partage et d’entraide. Il s’agit de remplacer notre mentalité égoïste (moi! moi! moi!) par une mentalité fraternelle.
Nous avons toujours eu de ces femmes et ces hommes de paix au milieu de nous. Il faut penser au Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Thérèse de Calcutta, le Frère André, Jean Vanier, Nelson Mandela, Mgr. Roméro, Desmon Tutu... Ces femmes et ces hommes sont aussi très nombreux dans nos familles et dans notre entourage. Ils nous font comprendre qu’une seule personne peut faire une différence importante dans la vie des gens.
Manuel Mejìa Vallejo, un auteur péruvien, a écrit un roman intitulé «El día señalado» : il raconte l’histoire d’un curé de campagne dans un village abandonné à la sécheresse et à la mort lente de la terre et du village. Aux paroissiens qui viennent se confesser, le jeune prêtre ne trouve rien de mieux que de leur donner, comme pénitence, la graine d’un arbre qu’ils devront planter pour être absous. Ces pauvres gens ont dû commettre un grand nombre de péchés car après une trentaine d’années la croissance de tous ces arbres a changé le climat, redonné vie à la terre et espoir aux familles. Avec clairvoyance, ce jeune prêtre a changé la vie des gens du village.
Le Christ nous invite aujourd’hui à nous convertir et à changer le monde une action à la fois : «Heureux les artisans de paix; ils seront appelés filles et fils de Dieu.»
Source: Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Site : https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-A/R-A12-Dim4.htm