« Consubstantiel au Père »
Ceux et celles qui ont porté attention aux nouvelles formulations du Missel romain ont pu remarquer l'apparition d'un nouveau mot, consubstantiel, dans la version longue du crédo (le Symbole de Nicée-Constantinople). Pourquoi un tel changement ? Il faut savoir que les textes que nous utilisons à la messe sont toujours des traductions de la version qui tient lieu d'étalon pour l'Église universelle, le texte latin. Or, traduire, c'est faire des choix, en fonction de différents critères.
Les traducteurs de la version antérieure du Missel avaient opté pour traduire Consubstantialem Patrii par « de même nature que le Père », formulation qui a généré de nombreux débats. On lui reprochait essentiellement de dire non pas une erreur, mais une vérité atténuée et qui ne rendait pas compte correctement de ce qui lie le Fils au Père.
Dans notre expérience personnelle, un parent et son enfant sont « de même nature », mais restent tout de même deux individus bien distincts. Or, notre foi s'appuie sur cette affirmation du Christ : « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jean 10, 30) On peut certes dire que le Père et le Fils sont << de même nature >>, mais ils sont beaucoup plus que cela : ils sont de la même substance, mot qui désigne cette unité d'être des trois personnes divines. C'est ce que signifie le latin consubstantialem, traduit littéralement par « consubstantiel », autrement dit « partageant une même substance, un même être ».
Cela représente donc un souci d'utiliser, dans notre langue d'usage, un terme qui affirme avec le plus de justesse possible la vérité de foi que proclame ce crédo.
Daniel Laliberté, directeur de l'Office national de liturgie Pions en église Mai 2022