Luc nous raconte trois récits d’apparition après la résurrection. Dans deux de ces récits - celui des disciples d’Emmaüs et celui d’aujourd’hui - Jésus termine la rencontre par une explication des Écritures afin que les disciples puissent comprendre ce qui se passe. «Alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures.»
Le fait qu’on soit présent à un événement ne veut pas dire que nous avons compris ce qui arrive. T.S. Eliot faisait dire à l’un de ses personnages : «Nous avons vécu l’expérience mais nous n’en avons pas saisi le sens.» C’est ce qui se passe chez les disciples avec la mort et la résurrection du Christ. Ils ont vécu l’expérience mais tout cela n’avait pour eux aucun sens, jusqu’à ce que Jésus leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures.
Les disciples d’Emmaüs sont un bel exemple de ce phénomène de non-compréhension. Ils étaient présents à Jérusalem lors du procès, de la condamnation et de la mort de Jésus. Le matin de Pâques, ils ont rencontré les femmes qui avaient trouvé le tombeau vide. Ils savaient que Pierre et Jean étaient allés au tombeau et n’y avaient pas trouvé le corps de Jésus. Malgré cela, ils perdent toute espérance et décident de retourner dans leur village. Sur la route, Jésus se joint à eux mais ils ne savent pas qui il est. Ils lui parlent de ce qui s’est passé à Jérusalem et de leurs espoirs déçus. Ce n’est que lorsque le Seigneur explique les Écritures et qu’il partage le pain avec eux qu’ils le reconnaissent et qu’ils comprennent le sens des événements.
Le Christ ressuscité invite les croyants que nous sommes à lire les Écritures pour mieux connaître Dieu et pour mieux comprendre le sens de notre vie. Les Écritures, nous aident à voir plus en profondeur. Elles s’adressent non seulement à notre intelligence mais aussi à notre cœur. «Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas!», disait Pascal. Là où nous ne voyons qu’une goutte d’eau, le chercheur et le scientifique y découvrent tout un monde de molécules, de bactéries, de vie microscopique. Là où nous ne voyons qu’une réalité journalière, le poète et l’artiste y voient un monde de beauté et de poésie.
Les anciens disaient qu’il n’y a pas de chrétiens sans la méditation de l’Écriture. La Parole de Dieu doit devenir pour nous une nourriture de tous les jours. Nous en avons besoin pour affermir notre foi et retrouver le véritable sens de notre existence. Daniel-Ange, un auteur italien, disait : «La Parole de Dieu doit être goûtée dans le silence, creusée par l’étude, assimilée dans la prière, célébrée dans la liturgie, vivifiée dans la vie fraternelle, annoncée dans la mission… jusqu’à devenir notre langue maternelle.»
La parole de Dieu peut éclairer l’ensemble de notre existence, avec ses joies, ses peines, ses espérances, ses découragements, ses limites, ses maladies et ses morts tragiques ou annoncées. La parole de Dieu devient pour ceux qui savent la lire, une parole de sagesse, de consolation, de courage et de fraternité. Elle nous nourrit de dimanche en dimanche, de semaine en semaine et nous apporte la joie, la sérénité et la paix.
Écouter la Parole de Dieu c’est s’ouvrir à elle de manière à ce qu’elle soit créatrice en nous, c’est entrer dans le grand cycle de la fécondité divine. Déjà le prophète Isaïe disait au sujet de cette Parole : «Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n’y remontent pas sans avoir arrosé la terre, l’avoir fécondée et fait germer, pour qu’elle donne la semence au semeur et le pain comestible, de même la parole qui sort de ma bouche ne me revient pas sans résultat, sans avoir fait ce que je voulais et réussi sa mission». (Isaïe 55, 10-11)
Dans nos rencontres communautaires du jour du Seigneur, la parole de Dieu et le partage du pain rendent la présence du Christ agissante parmi nous. «Le Seigneur ouvre notre esprit et notre cœur à l’intelligence des Écritures».
Source: https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-B/R-B26-Paq3.htm
Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.