La liturgie de ce dimanche continue à nous préparer au renouvellement des promesses de notre baptême pendant la liturgie de la vigile pascale. Dans l’épisode de la Samaritaine, Jésus nous a révélé qu’il était une source d’eau vive; lors de sa rencontre avec l’aveugle de naissance, il se présente comme la lumière du monde; et aujourd’hui, à travers la résurrection de Lazare, il dit à Marthe qu’il est la résurrection et la vie.
Nous vivons dans un monde de morts violentes et de tyrans de toutes sortes pour qui la vie des autres n’a aucune valeur. Les films d’horreur, de vengeance et de guerres, les jeux électroniques, la télévision et l’Internet semblent incapables d’assouvir la soif de violence et de destruction de notre monde. Les gens aiment suivre les drames passionnels, les attaques terroristes et les guerres dans toutes les parties du globe, en direct et en couleurs. Nous appartenons à une civilisation aspirée dans le tourbillon de la violence, de la torture, du meurtre, des exécutions, des guerres, des génocides et du terrorisme.
La résurrection de Lazare, dans l’évangile de S. Jean, est le dernier miracle de Jésus, le dernier «signe» offert dans cet éternel procès entre la lumière et les ténèbres. Peu après commence le drame de la Passion. En retournant en Judée pour sauver son ami, Jésus risque sa vie et va au-devant de sa propre mort.
Le point culminant du texte d’aujourd’hui est le dialogue entre Marthe et Jésus. Marthe proclame sa foi au Christ : «Tu es le Messie… le Fils de Dieu». C’est là la profession de foi que les autres évangélistes mettent sur les lèvres de Pierre.
Le Christ dit alors à Marthe : «Moi je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; et toute personne qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais.»
Face à la mort, il existe deux attitudes fondamentales :
La première est celle des personnes qui croient que la mort est la fin de tout. Aucune intervention chirurgicale, aucun médicament miracle, aucune crème rajeunissante, aucune diète spéciale ne peut changer cela. Cette attitude est très présente dans le monde d’aujourd’hui.
La seconde est partagée par ceux et celles qui croient qu’à la mort la vie continue mais elle est changée. Ceci est la base de notre christianisme. Cette espérance donne un sens non seulement à notre mort, mais aussi à notre vie de tous les jours, à nos fêtes, à nos joies, à nos maladies, nos souffrances et nos angoisses.
Avec Dieu, il y a toujours un nouveau printemps à l’horizon.
...l’Esprit de Dieu peut nous redonner une vitalité créatrice, une vie nouvelle.
Le Christ nous dit que non seulement nous serons transformés et que nous continuerons à vivre après la mort, mais il nous invite à vivre pleinement dès maintenant. «Sortez de vos tombeaux, de vos vies sans espérance. Recommencez à respirer la vie à pleins poumons…» «Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance» (Jean 10,10). Secouez votre inertie et votre passivité et participez à la construction d’un monde meilleur, plus juste, plus fraternel. Mettez de côté votre égoïsme afin de partager la tendresse de Dieu envers ceux et celles qui sont blessés par la vie et qui ont besoin d’amour et d’affection.
Avec Dieu, il y a toujours un nouveau printemps à l’horizon, une nouvelle saison qui fait reverdir ce que le froid hivernal semblait avoir fait mourir. Comme au grain de blé que l’on met en terre et qui semble se décomposer et mourir, l’Esprit de Dieu peut nous redonner une vitalité créatrice, une vie nouvelle. Le prophète Osée exprime cette renaissance de façon poétique : «Je vous guérirai de votre infidélité, je vous prodiguerai mon amour… Je serai pour Israël comme la rosée, il fleurira comme le lis, il étendra ses racines comme les arbres du Liban. Ses jeunes pousses vont grandir, sa parure sera comme celle de l’olivier, son parfum comme celui de la forêt du Liban…» (Osée 14, 5-8)
La promesse du Christ nous invite à une vie pleine d’espérance et de projets nouveaux maintenant, et nous promet une vie nouvelle après la mort. Il ne faut jamais nous résigner à la fin de la vie. La résignation n'est pas une attitude chrétienne.
Les forces du mal ne savent que menacer, démolir, tuer l’espérance et faire mourir. Nous avons l’exemple des camps de la mort des SS, des goulags soviétiques, des guerres préventives, des prisons de torture, des génocides multiples, des dictateurs qui massacrent leurs concitoyens plutôt que d’abandonner leur pouvoir illégitime.
À travers cette civilisation attirée par la destruction et la mort, le Christ nous parle aujourd’hui de vie et d’espérance. «Celui qui croît en moi a (maintenant) la vie éternelle!» Il nous redit, en appelant Lazare hors de son tombeau : «Sors du tombeau... Je suis la résurrection et la vie... Celui et celle qui croit en moi, même s’il meurt vivra.»
Source: https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-A/R-A22-Car5.htm
Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.