Dès le début de sa vie publique, le Seigneur choisit des collaborateurs. Dieu a confiance en nous. Il nous invite à travailler avec lui. Dans l’Ancien et le Nouveau Testaments, les gens que Dieu appelle sont des gens ordinaires comme vous et moi : Amos était fermier, Pierre, un pêcheur de métier, Matthieu, un comptable à la solde des Romains, Paul, un tisseur de tentes.
Le Christ les invite d’abord à rester avec lui pendant quelque temps, afin de recevoir une formation de base. Au début des évangiles, nous voyons les apôtres accompagner Jésus dans ses pérégrinations. Ils le regardent agir et reçoivent de lui un enseignement important, une nouvelle façon de vivre. Jésus les prépare à la mission.
C’est le modèle que nous, les chrétiens, avons retenu à travers les siècles. Le jour du Seigneur, nous nous rassemblons autour de Jésus, pour écouter sa parole et partager sa vie. Ensuite, nous nous dispersons dans notre milieu de vie. À la fin de la célébration, nous sommes envoyés dans notre famille, dans notre milieu de travail: «Allez dans la paix du Christ… Gratuitement vous avez reçu, donnez gratuitement!»
En lisant l’évangile, nous constatons que Jésus ne fait pas de recommandations sur le contenu doctrinal de la «mission». Il ne dit pas à ses apôtres «ce qu’ils doivent prêcher». Mais il entre dans les détails pour leur dire «ce qu’ils doivent être» : des voyageurs qui se déplacent avec peu de choses, qui profitent de l’hospitalité des gens, qui sont des promoteurs de paix et de réconciliation, qui accompagnent les malades, etc. Pour Jésus, le témoignage de vie est plus important que celui de la parole. Il fait confiance à ses disciples, il croit en l’être humain, il a foi en nous, alors que nous doutons si souvent de lui. Il a tellement confiance en nous qu’il nous laisse libres d’agir comme bon nous semble dans l’oeuvre d’évangélisation.
Le Christ nous dit qu’à cause de chacun de nous, le monde peut devenir meilleur : «ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient». Quels sont les démons de notre temps? Comment pouvons-nous améliorer le monde autour de nous?
Le vocabulaire utilisé par le Christ dans l’évangile est celui de son temps. Mais nous comprenons facilement que les disciples sont envoyés pour faire ce que Jésus lui-même a fait. Le contenu de leur mission se résume dans les trois phrases suivantes :
a) Annoncer le Royaume, ce qui demande une conversion, une façon différente de vivre sa vie.
b) Combattre le mal et chasser les démons qui nous empêchent de vivre librement.
c) Agir en faveur de ceux et de celles qui souffrent et sont démunis, afin d’améliorer leur qualité de vie.
a) Nous Convertir veut dire changer notre mentalité trop égoïste. Il faut savoir accepter nos responsabilités et essayer d’améliorer notre monde, en évitant d’ajouter au mal et en aidant ceux et celles dans le besoin.
Je lisais dernièrement un texte qui disait : «Aujourd’hui, dans tous les pays, nous nous plaignons de ne pas avoir assez d’argent pour les hôpitaux, la santé, les personnes âgées, l’éducation des jeunes, etc. ... Imaginez si les différentes nations pouvaient se convertir : au lieu d’engloutir des sommes colossales dans la course aux armements, les guerres interminables, les jeux de hasard, les sports, l’alcool, la drogue… Si une bonne partie de cet argent était consacrée à l’éducation, à la recherche médicale, à l’édification de digues, de bâtiments antisismiques, à l’irrigation des déserts et l’assèchement des marécages! Imaginez, si l’on utilisait une partie de cet argent pour aider ceux et celles qui sont dans le besoin! Cela changerait la face de la terre!...»
b) Chasser les démons aujourd’hui signifie aider les personnes seules et sans défense à se libérer de la solitude, de la peur, de l’injustice, de la crainte, de la maladie. Ça veut dire aussi nous libérer de la nicotine, de l’abus d’alcool, du matérialisme qui tue la vie de famille, de l’addiction aux jeux de hasard... ça veut dire lutter contre tous nos esclavages!
c) Guérir les malades. Il y a bien des façons de le faire : savoir aimer, accompagner, encourager, aider, pardonner. Je pense aux bénévoles dans les hôpitaux, aux gens qui visitent les malades, à ceux et celles qui apportent la communion dans les résidences de personnes âgées, qui distribuent les repas de la popotes roulantes, etc.
Jésus envoie ses disciples deux par deux car la mission est une aventure communautaire. Notre foi est enrichie par la foi des autres, par la foi de nos parents, de nos grands parents, de nos amis, et notre foi contribue à la foi des autres. La première règle de l’apostolat, c’est de «faire équipe» : la vie fraternelle est déjà un symbole de l’amour : «Voyez comme ils s’aiment», disaient les gens au sujet des premiers chrétiens.
Jésus nous envoie aujourd’hui comme il envoie ses apôtres. Il nous invite à évangéliser, à annoncer la Bonne Nouvelle, à combattre le mal et à venir en aide à ceux et celles qui souffrent. L’évangélisation proclame qu’ensembles nous pouvons vaincre la violence, l’injustice, la solitude et le découragement. Le Christ nous envoie. Il a besoin de nous. Il nous fait confiance. Nous devons être ses mains et son coeur dans un monde qui a besoin d’amour et de tendresse. «Le Christ se mit à les envoyer en mission».
Source : https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-B/R-B42-Dim15.htm
Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.