Xavier Sartre – Cité du Vatican
Ils sont 39, viennent des cinq continents, ce sont des femmes et des hommes qui parlent des langues différentes. Ils se présentent devant le Pape, sur le parvis de la basilique Saint-Pierre à l’issue de la lecture de l’Évangile de ce 26e dimanche du temps ordinaire. À l’appel de leur nom, ces laïcs déclarent l’un après l’autre: «me voici». Ce sont les candidats à qui le Saint-Père confère le ministère de catéchistes.
Après l’homélie, il leur rappelle dans une exhortation, qu’ils sont appelés «au ministère stable de catéchiste pour vivre plus intensément l’esprit apostolique, à l’exemple de ces hommes et de ces femmes qui aidaient Paul et les autres apôtres dans la diffusion de l’Évangile». «Que votre ministère soit toujours enraciné dans une vie profonde de prière, édifié sur la saine doctrine et animé par un véritable enthousiasme apostolique» souhaite Léon XIV. «Vous rapprocherez de l’Église des hommes qui peut-être en vivent loin; vous coopérerez avec un dévouement généreux à l’annonce de la Parole de Dieu; vous cultiverez constamment le sens de l’Église locale, dont la paroisse est la cellule» poursuit-il. Après la bénédiction, le Pape leur remet une croix, «trône de la vérité et de la charité du Christ».
«Le catéchiste est une personne de parole, une parole qu’il prononce avec sa propre vie» a rappelé quelques instant auparavant l’évêque de Rome dans son homélie. Dans ce sens, les parents sont les premiers catéchistes. «L’annonce de la foi ne peut être déléguée à d’autres, mais se fait là où nous vivons» a-t-il poursuivi, précisant que dans les foyers, autour de la table, «lorsqu’il y a une voix, un geste, un visage qui conduit au Christ, la famille fait l’expérience de la beauté de l’Évangile».
Cet apprentissage, il se prolonge «grâce au témoignage de ceux qui ont cru avant nous», a expliqué le Pape aux 45 000 pèlerins réunis place Saint-Pierre. «Les catéchistes nous accompagnent dans la foi en partageant un cheminement constant» et «cette dynamique concerne toute l’Église». Elle bénéficie également pour cela du Catéchisme, «guide de voyage» pour le Souverain pontife, qui «nous préserve de l’individualisme et des discordes». «Chaque fidèle collabore à son œuvre pastorale en écoutant les questions, en partageant les épreuves, en servant le désir de justice et de vérité qui habite la conscience humaine». Les catéchistes «laissent un signe intérieur» a affirmé le Pape, car «lorsque nous éduquons à la foi (…) nous déposons dans le cœur la parole de vie, afin qu’elle porte des fruits de bonne vie».
Cette parole, c’est celle de l’Évangile qui «nous annonce que la vie de tout un chacun peut changer car le Christ est ressuscité d’entre les morts. Cet événement est la vérité qui nous sauve: c’est pourquoi elle doit être connue et annoncée, mais cela ne suffit pas» a assuré Léon XIV. «Il faut l’aimer», a-t-il précisé, car «c’est cet amour qui nous amène à comprendre l’Évangile, parce qu’il nous transforme en ouvrant notre cœur à la parole de Dieu et au visage du prochain».
Cette parole, le riche de l’Évangile de ce jour, ne l’a pas entendue. Et ce récit du riche et du pauvre Lazare demeure «toujours d’actualité» a estimé le Saint-Père. «Aux portes de l’opulence se trouve aujourd’hui la misère de peuples entiers, ravagés par la guerre et l’exploitation» a-t-il constaté. «Au fil des siècles, rien ne semble avoir changé: combien de Lazare meurent face à la cupidité qui oublie la justice, au profit qui piétine la charité, à la richesse aveugle face à la douleur des misérables».
Or, «le Seigneur regarde le cœur des hommes», et c’est bien de Lazare, «un indigent» dont il se souvient du nom, auprès de qui il se tient, et non auprès du riche, «un indifférent», «sans nom car il se perd lui-même, en oubliant son prochain», «plein de choses et vide d’amour» a expliqué Léon XIV. «Dieu rend justice aux deux», a-t-il poursuivi, Lazare ne souffrant plus, aux côtés d’Abraham, le riche ne vivant plus d’excès, et plein d’inquiétude pour ses proches. «L’Église annonce cette parole du Seigneur, afin qu’elle convertisse nos cœurs».
Cette parole, le riche, évidemment, ne l’a pas entendue, n’écoutant pas Moïse et les Prophètes. La «supplication» qu’il adresse à Abraham pour sauver ses frères qui conduisent la même vie que lui, faite d’opulence et d’abondance, est ainsi un «défi» pour l’Église a estimé le Saint-Père, car le riche ne demande rien d’autre finalement que le Christ revienne d’entre les morts pour les convertir. C’est cette mission que l’Église et notamment ses catéchistes doivent accomplir.
Car «si cet homme sans nom avait eu la foi, Dieu l’aurait sauvé de toute tourmente: c’est son attachement aux richesses mondaines qui lui a fait perdre l’espérance du bien véritable et éternel», a expliqué Léon XIV. «Lorsque nous sommes nous aussi tentés par la rapacité et l’indifférence, les nombreux Lazare d’aujourd’hui nous rappellent la parole de Jésus, devenant pour nous une catéchèse encore plus efficace en cette Année jubilaire, qui est pour tous un temps de conversion et de pardon, d’engagement pour la justice et de recherche sincère de la paix».
Source: Vatican news