Jean-Paul Kamba, SJ - Cité du Vatican
Le Saint-Père a d’emblée rappelé que l’Église «n’est pas une simple institution religieuse… mais le signe visible de l’union entre Dieu et l’humanité». Évoquant le Concile Vatican II, il a insisté sur la vocation universelle de l’Église qui est de «rassembler tous les hommes et les femmes en une seule famille de frères et sœurs», un peuple d’enfants aimés du Père.
Léon XIV a en outre souligné le fait que les équipes synodales et les organes de participation expriment cette réalité profonde, à savoir: «dans l’Église, les relations ne répondent pas à la logique du pouvoir mais à celle de l’amour». Reprenant un avertissement cher à son prédécesseur, il a indiqué que les logiques mondaines divisent, tandis que la vie spirituelle unit.
Le Saint-Père a rappelé que la charité demeure la norme fondamentale de la vie ecclésiale.
“La règle suprême dans l'Église est l'amour: personne n'est appelé à commander, tous sont appelés à servir; personne ne doit imposer ses idées, nous devons tous nous écouter mutuellement; personne n'est exclu, nous sommes tous appelés à participer; personne ne détient toute la vérité, nous devons tous la rechercher humblement, et la rechercher ensemble”
L’Église synodale, a-t-il ajouté, est appelée à vivre le mot “ensemble” un mot qui «exprime précisément l’appel à la communion». Citant à nouveau son prédécesseur, le Pape François dans son message de Carême 2025, Léon XIV a rappelé que «marcher ensemble, c’est être des tisseurs d’unité à partir de notre commune dignité d’enfants de Dieu».
S’appuyant sur l’Évangile du jour, le Pape a médité sur la parabole du pharisien et du publicain. Si les deux «montent ensemble» au Temple, a-t-il noté, ils ne prient pas ensemble: l’un s’enferme dans son orgueil, l’autre s’ouvre à la miséricorde.
Frères et sœurs, cela peut aussi arriver dans la communauté chrétienne. Cela arrive lorsque le “moi” prime sur le “nous”, générant des individualismes qui empêchent les relations authentiques et fraternelles; lorsque la prétention à être meilleur que les autres, comme le fait le pharisien avec le publicain, crée des divisions et transforme la communauté en un lieu de jugement et d'exclusion; lorsque l'on utilise son propre rôle pour exercer un pouvoir et occuper des espaces.
À l’inverse, a-t-il poursuivi, le publicain enseigne l’humilité et la dépendance envers Dieu. «Avec lui, nous devons reconnaître que nous avons besoin de Dieu et les uns des autres», a exhorté Léon XIV, citant saint Clément de Rome: «Le Christ appartient à ceux qui se sentent humbles, et non à ceux qui s’élèvent au-dessus du troupeau».
Les équipes synodales, a dit le Pape, sont appelées à élargir l’espace ecclésial afin qu’il devienne «collégial et accueillant». Elles doivent aider l’Église à vivre les tensions entre unité et diversité, tradition et nouveauté, autorité et participation, non pas en les niant mais en les fécondant par l’Esprit. «Être une Église synodale c'est reconnaître que la vérité ne se possède pas mais qu’elle se recherche ensemble, en se laissant guider par un cœur inquiet et amoureux de l'Amour».
L’Évêque de Rome a ainsi invité les fidèles à pratiquer le discernement spirituel fondé sur la liberté intérieure, la prière, la confiance et l’abandon à la volonté de Dieu.
Léon XIV a conclu son homélie par un appel vibrant à construire une Église humble:
“Une Église qui ne se tient pas droite comme le pharisien, triomphante et gonflée d'orgueil, mais qui s'abaisse pour laver les pieds de l'humanité; une Église qui ne juge pas comme fait le pharisien avec le publicain, mais qui se fait lieu d'accueil pour tous et pour chacun; une Église qui ne se referme pas sur elle-même, mais qui reste à l'écoute de Dieu pour pouvoir écouter tout le monde. Engageons-nous à construire une Église toute synodale, toute ministérielle, toute attirée par le Christ et donc tendue vers le service du monde”
Citant les mots de Don Tonino Bello (évêque italien de Molfetta décédé en 1993, ndlr), le Saint-Père a invoqué la Vierge Marie, pour qu’elle aide l’Église à «surmonter les divisions internes» et à «réconcilier les querelles réciproques».
«Que le Seigneur, a conclu le Pape Léon XIV, nous accorde la grâce d’être enracinés dans l’amour de Dieu pour vivre en communion les uns avec les autres, et être dans le monde des témoins d’unité et d’amour».
Source : Vatican News